Premier pas
Devant son premier pas, la famille attendrie
S'extasie, applaudit et rit, et s'émerveille,
Mais le "château-branlant" tout empli de sommeil
Tangue, manque sancir, et bientôt s'aplatit.
"Ça y est, il marche ! Il marche ! Ça y est, c'est un homme !"
On s'ébaubit, l'entoure, on le couve des yeux,
On l'exhorte du geste et de la voix, c'est comme
S'il venait de renaître, c'est comme un jeune Dieu..
Un tout petit pas, et le voyage commence,
Partant de la maison, de la rue, de la ville,
Pour courir la province, ou visiter la France,
Pour aller vers le monde, et le cosmos hostile.
Il faut un fort bâton de marche pour la route,
Et des souliers bien souples, confortables, ferrés,
Un sac à dos avec de quoi parer à toute
Eventualité, hors des lieux fréquentés.
Il faut avoir envie du dépaysement,
La foi sans failles qui soulève les montagnes,
Le courage, la curiosité de l'enfant,
Avoir la marche aux tripes, qui vous mord et vous gagne.
Equilibre
Je suis petit, petit, petit,
Si petit que je me noierais
Dans une goutte de rosée.
Un petit pois me fait très peur,
C'est un vrai rouleau compresseur :
Je suis petit, petit, petit.
Je suis grand, très grand, si grand
Quand je vois quelque bactérie,
Microbe, virus, molécule,
Quand je songe à ces particules
Qui en sont même les parties :
Je suis grand, très grand, si grand
Je suis gentil, gentil, gentil,
Je n'abîme pas une fleur,
Je me comporte avec douceur
J'aime la nature et le beau,
J'apprécie le bon goût de l'eau :
Je suis gentil, gentil, gentil.
Je suis méchant, méchant, méchant,
Lorsque je me mets en colère,
Que j'écrase un animalcule
Ou bien que je pollue la Terre,
Et suis têtu comme cent mules :
Je suis méchant, méchant, méchant.
Je suis petit et je suis grand
Je suis gentil et suis méchant
J'ai de l'amour et de la haine
Mais je garde l'âme sereine,
Je suis fait de diversité
Ma foi... je suis équilibré.
Ne dis pas
Ne dis pas : "je le veux !"
Ne dis pas : "je le suis."
Ne dis pas : "je le peux."
Ne dis pas : "je le fuis."
Ne crie pas : "je le sais."
Ne crie pas : "je le dis."
Ne crie pas : "je le hais."
Ne crie pas : "je renie."
Dis plutôt : "je l'apprends."
Dis plutôt : "je le pense."
Dis plutôt : "je comprends."
Dis plutôt : "quelle chance !"
Dis plutôt : "tu es beau."
Dis plutôt : "si jolie."
Dis plutôt : "je suis sot."
Dis plutôt : "toi, ma vie !"
Sois plutôt amoureux.
Sois plutôt étonné.
Sois plutôt généreux.
Sois plutôt éveillé.
C'est ainsi que le Monde
Un jour t'appartiendra.
C'est ainsi qu'à la ronde
On te reconnaîtra.
Silence
Si les mots viennent de l’esprit,
Le silence, lui, vient du cœur ;
Les mots font beaucoup trop de bruit :
Le silence est réparateur.
Si les mots viennent de l’esprit,
Le silence, lui, vient de l’âme ;
Le mot quelquefois nous trahit :
Le silence apporte le calme.
Si les mots viennent de l’esprit,
Le silence, seul, est fécond ;
Quand la forme du mot nous fuit
Le silence apporte le fond.
Si les mots viennent de l’esprit,
Le silence vient avec l’âge,
Et lorsque le mot désunit,
Le silence apaise, et soulage.
Si les mots viennent de l’esprit,
Le silence est doux à l’oreille ;
Lorsque le mot a tout détruit
Le silence encor nous éveille.
Quand les mots viennent de l’esprit,
Le silence les fait comprendre
Et lorsque les mots ont tout dit :
En silence il nous faut apprendre.
Le Balayeur
Au tout commencement, Dieu balaya la nuit
Pour laisser naître au jour une Terre ébahie.
Le soleil balaya les nuages et la pluie
Et le vent balaya le sol, et il s'enfuit.
Je suis le balayeur, de la haute lignée,
De la lignée de ceux qui ont tout ordonné,
De la lignée de ceux qui ont tout épuré
Laissant un monde propre, vivant et bien soigné.
Il suffit que je passe pour que tout luise, ici,
Que je range, nettoie (c'est là mon industrie),
Du balai de bouleau à la paille de riz
Je les ai tous connus, celui de soie aussi.
Je sais pousser devant de gros tas de poussières
Sans en faire voler, sans rien laisser derrière,
Je sais, le grain ténu, de la rainure, extraire,
Si petit, si caché fût-il, et j'en suis fier.
Il n'est pas en ce monde de plus noble labeur
Car, partout où je passe et laisse ma sueur
Tout est plus beau, plus neuf, respire le bonheur :
Alors ma joie est grande, et double mon ardeur.
Un jour viendra où, toute besogne achevée
J'abandonnerai céans ma dépouille usée,
Plût à Dieu qu'il me laisse, et pour l'éternité
Balayer les étoiles de la Voie Lactée.
Enfants d'une même mer.
La Méditerranée, notre frontière unique
A moi, qui suis de France, à toi, qui viens d'Afrique,
Notre Mer à tous deux relie nos deux êtres :
La France est mon berceau, l'Algérie t'a vu naître.
Nos mères, nos patries, nos rivages aimés
En tant de points diffèrent alors que, cependant,
Notre ciel est commun, unique, constellé,
Qu'un même rouge ardent colore nos deux sangs.
Tu es femme et moi homme, tu es jeune et je suis
D'un âge tel, déjà, qu'un lourd passé me fuit,
Mais qu'importe, puisque nous sommes Frère et Sœur
Portant la même Mer enfouie dans nos deux cœurs.
Quelle que soit la rive où tu voudras m'attendre,
Je viendrai : je serai fidèle au rendez-vous.
Notre Mer aimée nous parle et nous fait comprendre
Que la Fraternité tient le Monde debout.
Le cours de l'eau
"C'est la fourchette au poing qu'on reconnaît ma race"
Disait Colas Breugnon de son verbe fleuri :
C'est, ployant sous le faix, privé d'amour, hélas !
Qu'on reconnaît celle du non-blanc aujourd'hui.
Pourquoi ? Ne sait-on pas qu'il est des différences
Plus riches de savoir que des identités,
Qu'il n'est pire supplice que d'être isolé,
Que de se confronter évite les errances ?
Tous les hommes ont un cœur, deux jambes et deux mains,
Tous un même cerveau et tous un même sang.
Au lieu que leurs rencontres soient des bonheurs sans fin,
Pourquoi faut-il, Grands Dieux, qu'ils se haïssent tant ?
A eux tous seulement les idées s'équilibrent,
Ensemble seulement ils sont harmonieux,
Quoiqu'il en pense, un homme seul n'est jamais libre :
L'homme seul est stérile, jeune, il est déjà vieux !
Deux hommes se battaient un soir, dans une plaine :
Roland et Olivier revivant leur combat,
Egaux face à leur vie et leur querelle vaine
Ils moururent, chacun tenant l'autre en ses bras.
Et, de leurs flancs percés de multiples blessures
Le sang bouillonnant ne retenait pas ses flots,
Effaçant leur couleur sous sa rouge teinture :
Plus de noir... plus de blanc... seuls des pourpres royaux !
Puis ce sont deux ruisseaux de ces sangs qui serpentent
Et se joignent et, mêlés, poursuivent leur chemin
Fondus en un seul flot, suivant la même pente,
Indiscernables désormais, jusqu'à la fin.
Nulle rivière n'est à sa source revenue
(on ne désunit pas ce que Dieu à uni),
Les différences pour toujours ont disparu
Payant le tribut qu'elles doivent à l'entropie.
Puisque "Nature" par son exemple nous mène,
Aimons-nous, mêlons-nous, acceptons-nous divers ;
De mieux se reconnaître, se côtoyer sans haine
Le monde de demain aura moins de travers !
Ne cueillez pas la rose
C'est une fleur qui ose,
Une fleur dont on glose
C'est une fleur qui pose :
On l'appelle la Rose.
La fleur aimée des Mages
Qui est parfois volage
Sait aussi être sage
Quand d'amour, elle est gage.
De toutes les couleurs
Elle pare son cœur,
Elle est force et douceur
Au parfum enchanteur.
Certes, elle a des épines
Mais son charme domine
Quand elle se dessine
Dans sa robe opaline.
Une rose, au jardin,
S'est ouverte au matin :
Arête-là ta main
Ne romps pas son destin.
Approche de l'hiver
L'hiver approche à gros flocons :
La neige tombe en abondance,
Elle a envahi mon balcon
De millions de points blancs qui dansent.
L'hiver approche à fleurs de givre :
Il a décoré mes carreaux
D'entrelacs si originaux
Que l'on croirait voir des fleurs ivres.
L'hiver approche à froides bises :
Le vent souffle, hurle, gémit ;
Il s'infiltre dans la remise ;
Il cingle, il siffle et il transit.
L'hiver approche à froid de loup :
La mare est gelée jusqu'au fond
Et mon nez n'est plus qu'un glaçon ;
Le gel est dru, le temps est fou.
L'hiver approche, l'hiver est là :
Fais du feu dans la cheminée.
Surtout n'allons pas le chasser :
Le feu est doux, je suis bien las
!
Rosée
Prunelle de félin par la lune éclairée,
La goutte de rosée sur la feuille, perlée,
Luit de mille doux feux au jour juste levé.
Elle émaille la nuit d'éclats tout irisés.
Ronde perle d'argent ourlant un fin brin d'herbe,
Infime éclat de ciel à l'orient superbe
La goutte de rosée, au matin, à l'aubette
Exalte cet instant où la nuit est défaite.
Vite, elle s'évapore. Vite, elle disparaît !
Elle s'évanouit dans l'air devenu frais :
N'en reste que la brume, légère, opalescente
Qu'effacera bientôt une aurore naissante.
Si tu n'es tôt levé, tu ne la verras pas.
Au matin, c'est trop tard, car le jour déjà là
A volé à la feuille son trésor d'eau lustrale :
Phœbus en a bu l'eau, breuvage sans égal.
Quoique...
Quoique des "vieux" soient seuls, délaissés, sans nouvelles,
Et que des enfants pleurent à s'en fondre les yeux,
Quoiqu'en ce jour de fête des gens soient malheureux,
Quoique, quoique, quoique... malgré tout, c'est Noël !
Quoique des filles ragent de ne pas se voir belles,
Et que des gamins rient, mais d'un rire glacé,
Quoique des amis meurent de n'être pas aimés,
Quoique, quoique, quoique... malgré tout, c'est Noël !
Quoique l'on voit partout tant d'absurdes querelles,
Et que des mégatonnes pèsent dessus nos têtes,
Quoique l'Homme soit fou à défaut d'être bête,
Quoique, quoique, quoique... malgré tout, c'est Noël !
Quoique, dans notre monde l'injustice soit telle
Que chacun est coupable avant que d'être né,
Quoiqu'aucune avanie ne nous soit épargnée,
Quoique, quoique, quoique... malgré tout, c'est Noël !
Quoique pour des millions la misère soit réelle
Et qu'ils soient des millions en mauvaise santé,
Quoiqu'ils soient des millions à rêver de la paix,
Quoique, quoique, quoique... malgré tout, c'est NOËL !
Naufrage
Je chôme
C'est moche,
Tout cloche !
Je persévère
Je désespère
Que faire ?
Vaille que vaille
Je travaille,
C'est la bataille
Pour la valetaille.
C'est la vie,
C'est ainsi,
C'est aussi
Un gâchis.
Quel souci !
Petits boulots,
Métro,
Dodo.
Mal dans ma peau,
A vau-l'eau ;
Pas de pot !
Ça sert à quoi ?
J'ai plus la foi.
Pas de voix
Ni de voie :
Ni pour toi
Ni pour moi.
Pas la joie !
...et la Galère sombra.
Bataille
Eternel combat que celui du "Bien" avec le "Mal". Dialogue de sourds, de mauvais entendeurs, joute jamais close : qui tranchera ?
• ...et en vertu de quoi toi, "Bien", t'arroges-tu le droit de me juger ? Fort de quelle Vérité ? Me serais-tu supérieur ? Que suis-je donc à tes yeux pour ne pas valoir ?
• "Mal", combien je te plains. Ne vois-tu pas ce qui est ? Tes yeux se décileront-ils jamais ? Je suis "Bien" parce que je suis le bien et dis le bien, un point c'est tout. Il n'est pas lieu ergoter.
• D'où diable tiens-tu qu'une tautologie soit une réalité, et a fortiori vraisemblable, vraie ? Encore moins Vérité, même si elle peut l'être.
• Que nenni ! Toute porte doit être ouverte ou fermée. Nous sommes incompatibles, exclusifs, inconciliables : c'est ainsi.
• Ignorons-nous, alors, au lieu de nous combattre. La nuit n'est, que je sache, pas l'ennemie du jour, ni le noir du blanc, ou le néant de l'être. Je n'en veux à quiconque et n'ai pas d'ennemis ...et si nous coexistions ?
• Tout beau ! Ce serait trop facile. Je ne puis accepter le mal, moins encore le promouvoir. Quel piètre équilibre serait un "demi-bien", un "bien-mal"
qui deviendrait vite un "mal-bien" puis un "demi-mal" puis... je refuse
l'alternative.
• Serais-tu intolérant ? J'hallucine ! "Bien" intolérant, bien et intolérant : quelle dysharmonie ! Cela sonne décidément très faux !
• Intolérant je suis, et fier de l'être, tu ne m'entraîneras pas dans ce débat spécieux où, sous couvert d'ouverture, je sacrifierais ma suprématie. C'est bien moi qui suis "Bien", et non toi ni nul autre...
• ...es-tu sûr, vraiment sûr, ce qui s'appelle sûr, "Bien", d'être le bien ? Ne serait-ce pas plutôt moi ? Ton intolérance me semble à tout le moins aveuglée et intégriste. Comment envisages-tu de défendre ton pré carré ? Serais-tu prêt à faire le mal pour le service du bien, "Bien" (Milgram a dû passer par là) ? Enfin, voyons, je ne revendique pas ta place, je ne t'exclue pas, moi : d'ailleurs c'est toi mon étalon, ma pierre de touche. Je te tolère sans colère et m'appuie sur toi avec foi. Pourquoi, et en vertu de quoi dis-tu cela pernicieux ? Explique si tu le veux... si tu le peux !
• Le saurai-je ? Ecoute plutôt mes zélateurs, tu reconnaîtra qu'ils sont
nombreux...
• ...presqu'autant que les miens ! N'oublie pas que c'est par, à travers et par rapport à moi que tu existes.
• Mauvaise question, et je ne te sais nul gré de me l'avoir posée. Décidément, tu es le mal personnifié, "Mal" : oser semer le doute en mon esprit, est-ce assez vil !
• Pourquoi, pourquoi... pourquoi ?
"Bien" a abandonné à la septième reprise, par jet de l'éponge...
• ...parce que, na !
• Pourquoi, pourquoi... pourquoi
??????????????????
Déserts
Le ciel est un désert qui sépare les hommes,
Où bienheureux et saints seuls s'en vont à la table
Et où …
Le monde est un désert qui sépare les hommes
Où cultures et ethnies les rendent insociables
Et où …
La vie est un désert qui sépare les hommes,
Où idées, théories et dogmes les accablent
Et où …
L'amour est un désert qui sépare les hommes
Et les femmes, dans un dire incommunicable
Et où …
La ville est un désert qui sépare les hommes,
Où maisons en pâtés jouent les dunes de sable
Et où …
Mon cœur est oasis qui rapproche les hommes
En fraternité et en bonheurs ineffables :
C'est là seulement où …
A l'ombre et au soleil
La lumière était crue, blanche et gladiolée,
L'ombre était noire et drue, fantasque et habitée :
De leur dur contraste naissait un univers
Toujours en devenir, sans revers ni obvers.
L'homme clignait des yeux dans la lumière ardente,
La femme voyait l'ombre, pupilles arrondies,
Leurs regards se croisaient, en une valse lente
Et tous deux souriaient sans qu'un seul mot fût dit.
Une orbe lumineuse nimbait ce nouveau couple,
Eve et Adam en revivaient la création,
Et la terre et le ciel, en une danse souple,
Bénissaient leur hymen de leurs plus doux rayons
La vie comme un Soleil qui n'aurait nulle tache
S'ouvrait, devant leurs prunelles énamourées.
Mais l'ombre a des détours et des procédés lâches,
Des éclipses viendraient parfois leur rappeler.
Sphinx
Au pied des pyramides le sphinx géant dormait,
Dos tourné aux blocs de granit amoncelés,
Il songeait, ou semblait méditer à jamais,
Figé, hiératique, auguste, en majesté.
Il avait vu au fil des siècles, et des années,
Au long des millénaires, en une poussée folle
Alentour du désert croître la mégapole :
Banlieues, bidonvilles, l'allaient incarcérer.
Lui, garde du silence, de l'océan des sables
Voyait déferler de bien étranges marins
Par car entiers, des millions de pieds regrettables
Foulaient son horizon, le rendant inhumain.
Le sphinx se morfondait, il pensait à un temps
Où l'homme, sage encor, respectait les tombeaux,
Où désert, oasis, harmonieusement
Faisaient du site d'al Gizah l'un des plus beaux.
Retournant aux temps où, dans une joie sereine,
Des travaux de titan érigeaient la mémoire,
De Khéops, de Mykérinos ou de Kephren,
Il rêvait à ce qu'ils avaient écrit d'Histoire.
Il pensait, avec un brin de regret dans l'âme
Que l'animal humain est d'une engeance piètre :
Alors que de la Terre il s'est rendu le Maître,
Pour qu'il la détruise, la souille et la condamne.
Puissent ces pyramides, vestiges d'un passé
Bien proche encor, à l'échelle géologique,
Lui rappeler combien notre monde est magique
Lui apprendre comment l'admirer et l'aimer!
Sucre blanc, misère noire
(Poème écrit pour le Musée du Sucre, à la Martinique)
Passant, ce sucre blanc dont on te dit l'histoire
Est le fruit d'un travail et d'une peine noire.
Partant du colon blanc jusqu'à l'esclave noir :
L'histoire, on la raconte, aux Antilles, le soir !
D'abord le "sucrier" était un artisan,
Lors le Père Labat, il y a fort longtemps
En fit un ouvrier au labeur écrasant :
L'histoire, on la raconte, aux Antilles, aux enfants !
Pourquoi fallait-il donc qu'il y eût l'esclavage ?
Que les hommes à l'instar des animaux sauvages
Colonisent, maltraitent, fouettent, tuent, saccagent ?
L'histoire, on la raconte, aux Antilles, sans rage !
Mais l'homme est le plus fort aussitôt qu'il est pur,
Et vint, dans la tourmente Toussaint Louverture
Qui arracha son peuple aux contraintes si dures :
L'histoire, on la raconte, aux Antilles, c'est sûr !
Il a rendu l'honneur à l'homme noir, Toussaint,
Il a pris le destin des Iles dans ses mains,
S'est battu, a lutté, ce ne fut pas en vain :
L'histoire, on sait, aux Antilles, on se souvient !
Il en a tant fallu, pour que libre il demeure,
Ce peuple a tant souffert dans sa chair, dans son cœur,
Libre, esclave à nouveau, puis libre, dans la peur :
L'histoire, on la conserve, aux Antilles, dans son cœur !
Victor Schœlcher, Lamartine autant que Marat,
Flocon ou Louis Blanc, Arago ou Maria,
Grenier, Pagès, Ledru Rollin passèrent là :
L'histoire, on la raconte, aux Antilles, ici bas !
Colons, libérateurs, tout se mélange ici,
L'héroïsme et l'honneur et la fange et la lie,
Le sacré et la haine, l'amour, la comédie :
L'histoire, on la raconte, aux Antilles, on la vit !
Passant, pense souvent à la peine des hommes,
A ce que fut payé leur liberté et comme
Elle est frêle et précieuse ; elle est si jeune en somme :
L'histoire racontée aux Antilles, c'est les Hommes !
Nul n'est de trop !
Le Temple est déjà haut de dix-huit coudées, qui dépasse la palissade entourant le chantier. On entend bruire le travail, tel une ruche d'abeilles, sereinement, dans l'ordre et l'efficacité. Sur le chantier, tout est en place. Les Apprentis gâchent le pisé ; les Compagnons maçons dégrossissent diverses pierres, qui un linteau aux triglyphes et métopes alternées, qui un chapiteau aux feuilles d'acanthe ; les Maîtres ajustent les blocs ; tout cela sous l'œil vigilant (et bienveillant) de l'Architecte, qui a voulu et conçu l'Oeuvre. Les plus jeunes, à peine admis, s'initient auprès des anciens, copiant le geste, écoutant les dires. Les vieux ouvriers aux forces déclinantes vont par le chantier, prodiguant conseils et encouragements. Ceux qui sont dans l'âge de la plénitude coordonnent harmonieusement leur Force et leur Sagesse, pour en faire surgir, par le truchement de la Pierre, la Beauté.
Et dans ce mariage de Génie et de Géométrie, de midi à minuit, les maillets chantent (et enchantent l'air de leur musique) accompagnant le crissement des ciseaux. Et l'air s'emplit du chant des ouvriers. On ressent
parfois, sans même en avoir bien conscience, une grande quiétude, une impression d'harmonie, de resplendeur. N'y a-t-il pas de perfection, en ce lieu ? Tout s'enchaîne si exactement, les tâches se succèdent, les hommes se succèdent, les outils succèdent aux outils, et la noria des blocs s'achève en un édifice, merveilleux et cohérent.
Tout ici respire l'harmonie. Pourquoi ? N'y a-t-il pas ici, comme dans le monde, autour de la palissade, sous le même ciel, des gens avec leurs défauts, leurs mesquineries, leurs tares; leurs handicaps, leurs infirmités ? Si, bien sûr ! Mais ici, et seulement ici, ils ne sont pas mesquins, handicapés, et leurs infirmités sont à la fois minimisées et valorisées.
Tel, dont les doigts ont été abîmés par le labeur, peut encore donner
du rêve que celui qui tient le calame transcrit. Tel, que ses jambes
refusent de porter, ne monte plus les blocs, mais ne les en polit que
plus finement. Tel, dont la tête est un peu "partie", hale le palan et
hisse les chapiteaux. Tel, qui ne sait pas encore, écoute en silence.
Tel encore, qui ne peut plus, enseigne. Tous trouvent leur juste place.
Nul n'est de trop.
Ici, et seulement ici, tous ceux qui sont entré auront leur place, éternellement. Ici, et seulement ici, tous ceux qui veulent entrer vraiment, trouveront leur place. Mais parfois, ils n'oseront frapper à l'huis, craignant le refus, car ici, même ici, certains voudraient (par souci d'efficacité, pour le bien de l'Oeuvre, s'entend) que seuls les meilleurs entrent, que, passé l'âge de la plénitude, l'on doive quitter le chantier, que toute incapacité s'avère
rédhibitoire. Oui, même ici, tous ne savent pas encore que nul n'est de
trop.
Patience, un jour, ils comprendront (après tout, exclure ceux-là même qui véhiculent l'ostracisme ne procéderait-il pas de la même erreur ?).
Oui, Humains mes Frères, vraiment : nul n'est de trop
Un mot seul, un seul mot
Au tout début était le Verbe, tout seul : c'était un "verbe solitaire". Il était et il s'ennuyait. Que pouvait-il faire d'autre ? Rien, car pour faire quoi
que ce fût, il eût fallu que le nom existât : alors qu'il n'y avait que le verbe.
Il se distrayait en se conjuguant : il avait été, il était, il serait, sera, fut... on en a tôt fait le tour (être ou ne pas être, eût dit Hamlet).
Il fit alors le tour des verbes, mais la plupart lui restaient inaccessibles car ne se conjuguant pas seuls, appelant des compléments de diverses nature. Il s'ennuya encore, pensa, il rit et il pleura mais il ne put aller (où ?) ou faire (quoi ?), ni dire...
En poursuivant systématiquement son inventaire des verbes, faute d'y trouver un raton laveur, il buta, incidemment, sur la solution de son problème : un verbe ex-tra-or-di-nai-re, qui permettait, à lui seul, de s'abstraire de l'espace si confiné des verbes, le verbe "créer". Ô miracle ! la possibilité donné de faire que ce qui n'était pas, devînt.
Et il créa, créa, créa à en perdre la tête : des noms et des adjectifs, des adverbes au autres prépositions. Il créa le temps et les choses, l'espace où les contenir, il créa le chaos (et l'esprit qui vint et mit tout en ordre). Il créa le ciel et la terre, l'eau, la nuit et la lumière, et sépara les uns d'avec les autres. Il créa l'animal et... l'homme.
Cela ne suffit pourtant pas car tout ne s'exprimait pas encore bien ni correctement. Aussi créa-t-il la grammaire et l'usage, la syntaxe et la rhétorique, les articles et les interjections, les préfixes et les suffixes : bref, un langage vivant, juste et parfait comme il se doit de toutes les productions du Verbe. Les mots se multiplièrent et crûrent à l'envi, se suffixant, se postfixant, s'accordant et se déclinant, se concaténant ou s'apocopant, se télescopant et se calembourdant en groupes, phrases ou figures, en syllepses, catachrèses, litotes et métonymies, en prose et en vers (et contre tout).
Et tout cela était, fut et sera. Seule ombre à l'idyllique toile, le verbe créer lui-même, qui s'obstina à faire de l'auto-allumage, tout en refusant de créer des mots tels que limites, interdits, coffret (où se faire enfermer) ; et l'homme aussi, ce touche-à-tout qui apprivoisa à son profit le miraculeux vocable : alors, ce fut Babel !!!
Fini le : un-mot-une-idée, ou un concept. Place aux langues et à l'incompréhension, à la polysémie, à l'incommunicabilité. Dans ce florilège de vocables proliférant comme cancer, le Verbe, le vénérable verbe, le verbe originel en vint à regretter sa quiète solitude, noyé qu'il était par la logorrhée, sous le déluge des mots (et des maux).
Ah ! si seulement il ne restait qu'un mot, à nouveau, un unique mot : plus qu'un mot à dire ! Oui, mais lequel ?
J'ose suggérer un choix.
Les mots sont dévoyés, atones, dévalués,
Vidés de sens, de sève, privés d'âme et de moelle :
Que dit encor le mot "étoile"
Qui fit tant rêver nos aînés ?
Ils sont asexués, aseptisés, exsangues,
Purifiés, lénifiés, dulcifiés, oubliés ;
Ils se renferment dans leur gangue,
Ne restent plus même, d'idées.
Envolés les doux vers, les nobles périphrases,
La rhétorique qui nous a bercé nous blase ;
Le vocabulaire s'éteint
Davantage chaque matin.
Cris d'horreur, de douleur, de colère ou d'amour,
Paroles écoutées ou dialogues de sourds,
Les mots s'envolent (vers quels cieux ?);
N'en restera-t-il rien, grands Dieux !
Ils meurent sacrifiés à l'efficacité.
Qui sait encore écrire, et qui veut encore lire ?
S'il ne restait qu'un mot à dire
Je choisirais le verbe..."Aimer".
L'Etoile élue
Une étoile s'est égarée
Prise à la queue d'une comète,
Dans les cieux noirs elle a erré
Jusqu'autour de notre planète.
Là, trois hommes la voyaient,
Astronomes solitaires,
Et dans leur cœur ils sentaient
Qu'il leur fallait, par les déserts,
Par les monts et par les vallées
Suivre la voie u'elle traçait.
Tant ils allèrent et cheminèrent
Qu'un jour, tous trois se rencontrèrent :
Ils firent route de concert…
Et des nuits et des nuits passèrent,
Et l'éclat de l'étoile aussi.
Un jour, se voyant seuls et loin de leur pays
Ils firent enfin halte, exténués, transis,
Affamés et, rompus, meurtris, endoloris :
Leur guide avait disparu.
Ils virent où ils étaient venus :
Les landes étaient pauvres et nues,
Point d'eau, du sable et des rochers
Et quelqu'herbe rare où paissaient
De fort maigres troupeaux gardés
Par quelques vaillants bergers
Qui, les voyant là, égarés,
S'offrirent à les piloter.
"Ne connaissez-vous une table
D'hôte où apaiser notre faim,
Car nous fîmes tant de chemin ?
Et peut-être aussi une étable
Où dormir ?". Les berger montrèrent
Un village tout proche, une étable plus loin :
"Abandonnée depuis longtemps,
Vous pourrez donc dormir dedans !".
Les mages les remercièrent
Puis les bergers s'en allèrent
Par les sentes, parmi les roches,
Avec leurs troupeaux et leurs chiens.
Le ciel, soudain, se déchira
Et une clarté en sortait
Qui, sur l'étable se posa
Et la rendit tout irisée
Et illumina la vallée.
Bergers et troupeaux passèrent
Suivis des mages solitaires
Devant la table demandée :
"C'est là ! venez vous restaurer"
Dirent les guides : "bienvenue !".
Mais une voix du haut des nues
Dis, ou du moins ils le crurent :
"Continuez, n'ayez cure
De votre appétit ni du froid ;
Vous êtes attendus, votre Roi
Là, sur la paille vient de naître,
Où vous eussiez dormi, peut-être...
...C'est pour Lui que l'Etoile fut,
Pour Lui que vous êtes venus :
Petit enfant glacé et nu.
Cet enfant se nomme Jésus !".
Le Voyageur Initiatique.
Descendu du volcan ignivome aux cent bouches
Cuivrant de feu des ciels brûlants et magnifiques,
Le voyageur poursuit sa route initiatique
Dans les brumes hélodes aux senteurs méphitiques
Vers de glauques rivages où, au pied d'une souche
Il passera la nuit, improvisant sa couche.
Il a connu le Feu, là-haut près du cratère,
L'Eau palustre exhalant sa rude pestilence,
Et l'Air empoisonné. Il s'est couché à Terre,
Et là, s'est endormi, au terme de l'errance,
Calme et rasséréné, tout empli de confiance,
Dans le juste onirisme d'un repos salutaire.
Il est allé au Nord, et en Hyperborée
Y vit des ciels fous aux aurores magnétiques,
Fut au Septentrion ; sous la Voûte Etoilée
Toute d'astres inconnus, pour lui énigmatiques,
Formant Triangle ou Croix Australe constellée,
S'est rué, de l'Orient, vers un Ouest magique.
Il a posé sac et bâton de pèlerin
Pour une brève halte, pour un repos serein.
Mais sitôt arrêté, déjà, rongeant son frein
Il rêve d'autres routes : il est déjà demain.
Le Voyageur Initiatique erre sans fin,
Plein d'espoir et d'amour, sans peur, sans soif, sans faim…
Lieux de mystère et de sapience, lieux d'aventure et de patience
D'Avalon en Hyperborée et de Gimli en Walhala
J'ai su les secrets.
D'Olympie à Jérusalem et de Katmandou à Lhassa
Les Dieux m'ont parlé.
De Toboso à Laputa, de Colchidie en Utopie,
J'ai couru le Monde.
D'Atlantide en Mu, et par Ys, ville à tout jamais engloutie
J'ai erré sur l'Onde.
Lilliput, l'Ile de Moreau, ou Brogdingnam et ses Géants,
M'ont impressionné.
Le Pays de Nulle Part, et les fils perdus de Peter Pan
M'ont tôt fait rêver.
En forêt de Sherwood, Brocéliande, Altaï
Je me suis perdu.
Dans les désert d'Afrique et dans le Sinaï,
Je me suis rendu.
Jungle de Ceylan, jungle de Tasmanie
J'ai volé vos fleurs.
Aux sources d'Orénoque, ou de l'Iénisséi
J'ai lavé ma peur.
Lune, Mars, Vénus, espaces et temps futurs
Manquent au palmarès...
...Fi ! Cessons de chercher vainement : l'aventure
Est en moi, tout près !
Cartes
Atlas, cartes de la Terre et cartes du ciel,
Garants de mes voyages et support de mes rêves
Cartes des pays d'Utopie et d'Uchronie
Des îles d'Atlantide, d'Ys ou de Laputa,
De l'imaginaire aussi bien que du réel
Cadastre où les rues sont les voies guidant la sève,
Carte des galaxies et des mondes infinis
Où zodiaque et constellations donnent le la,
Où l'on voit Jupiter parler à Orion
Dont le Baudrier d'or fut copié à Gizah
Positionnant à jamais les trois pyramides :
(Orion que Giono baptisa "fleur de carotte"

L'un épinglé comme un papillon au ballon
Qu'Aristote disait sphère des fixes, et la
Planète billebaudant avec ses timides
Quatre satellites lui faisant bonne escorte.
Carte du Tendre et de nos vieilles randonnées
Carte de l'ubris et de ma folle jeunesse,
Plan de ma chambre, de ma maison, de ma rue,
De ma commune, chemins de pèlerinages,
Atlas de mon pays, dessin de mes brisées,
Mappemonde vivante et modifiée sans cesse,
Terra incognita d'Avalon ou de Mu,
Mont Uhuru, Ushuaïa, pays des Sages,
Pays de Nulle Part et des enfants perdus
Dont Peter seul connaît le chemin onirique,
Planisphère, planétarium, globes terrestres
Sphère armillaire, livres et géographies,
Atlas des grand espaces à jamais inconnus,
Viatique de voyages toujours plus magnifiques
Chemin de Compostelle pour randonneur pédestre :
Cartes, vous nourrissez mes rêves éperdus !
Par les chemins de la Nuit
La nuit, du jour faillant, aux étoiles faillantes,
Dit ce monde inconnu que capte ton regard.
Encrée de noir velours, l'ombres se fait pressante,
La lune goguenarde est partout nulle part.
Le caillou devient môle, le chemin devient combe,
Les chats sont tous gris comme les souris qu'ils chassent,
Les creux, les flaques te font penser à des tombes :
Une atmosphère obtuse nimbe ton âme lasse.
Il faut te secouer, rêveur ou somnambule,
Il te faut explorer cette terre éclipsée,
Humer ses parfums légers comme libellule,
Ecouter son silence disert et ouaté.
Prends ton bâton de marche et pars pour le pays
Onirique où au fil de rencontres fortuites
Tes sens exacerbés te parleront de vie :
Respire, écoute, marche, nez au vent … pas trop vite.
Avance entre les arbres des forêts obscures,
En ces heures rebelles et inhospitalières
Les constellations te diront la voie sûre
Qu'aucun soleil ne trouble sous la clarté stellaire.
Arpente sans terreur les routes désertées
Où quelques phares sont prunelles de félins,
Traverse les rus vifs dans les remous des gués
Et sillonne les champs d'orge, de blé, de lin.
Va par les monts, les vaux, les venelles, les sentes,
Vers ce monde tout neuf qui t'es insoupçonné,
Avance sans faiblir, suis la plus rude pente,
Tes pas seront légers, tes pieds seront ailés.
Ne te retourne pas, rien n'est jamais derrière :
C'est de front qu'on aborde ce qui n'est pas connu,
Qu'on vainc toutes embûches et onques ne se perd
Dans les dédales obscurs des horizons perdus.
Lorsqu'après complies tu pars en pèlerinage
Pour rentrer au bercail aux lueurs de l'aubette,
Enrichi de savoir tu en reviens plus sage,
Prêt à offrir aux hommes tes belles découvertes.
J'ai dit
Elle a dit : "c'est un enfant", ses gestes sont vifs et son allure est preste.
Elle a dit : "c'est un homme", ses gestes sont rudes et son allure est robuste.
Elle a dit : "c'est un cœur", ses gestes sont tendres et son allure est auguste.
Elle a dit : "c'est un Dieu", ses gestes sont amples et son allure est céleste
Tu dit : "c'est un père", ses bras sont un soutien, sa pensée
encourage.
Tu dit : "c'est un copain", ses bras sont des aides et sa pensée ménage.
Tu dit : "c'est un ami", ses bras sont disponibles et sa pensée partage.
Tu dit : "c'est un Frère", ses bras sont protecteurs et sa pensée soulage.
Il a dit : "c'est un écrivain", ses mots sont justes et ses phrases colorées.
Il a dit : "c'est un orateur", ses mots sonnent clair et ses phrases interpellent.
Il a dit : "c'est un Maître", ses mots marquent l'esprit et ses phrases analysent.
Il a dit : "c'est un Philosophe", ses mots font sens et ses phrases sont des idées.
J'ai dit : "c'est un poète !"
Au "Kilomètre Cinquante"
(Poème pour les noces d'Or de papa et maman : le 17 décembre 1988)
Au "Kilomètre Cinquante"
Est une borne dorée.
Quiète et douce à souhait,
La route s'en va, nonchalante
Un demi-siècle, ils ont marché
Main dans la main, sous le soleil,
Le vent, la pluie, le bleu du ciel.
Ils sont si loin d'être arrivés
Là-bas continue le chemin
Qui poudroie aux feux du couchant.
Des enfants et petits-enfants
La chaîne n'aura pas de fin.
A côté de la borne d'Or
Un instant, se sont arrêtés
Pour un regard sur le passé.
Ils en repartiront, plus forts.
Buvons la vie qui nous enchante,
Un jour viendra où, nous aussi,
Prendrons un moment de répit
Au "Kilomètre Cinquante".
Allez, amis, je vous laisse, je sens que vous avez marre de cet
échantillon.
Mes ânemitiés à vous TOUS
Lucia &
Mélano