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 Est-ce cela la France d'aujourd'hui, partie I -

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Date d'inscription : 19/01/2007

Est-ce cela la France d'aujourd'hui, partie I - Empty
MessageSujet: Est-ce cela la France d'aujourd'hui, partie I -   Est-ce cela la France d'aujourd'hui, partie I - Icon_minitimeLun 13 Oct - 6:52

Ci-dessous, un témoignage dont la lecture prend moins de dix minutes. Il mérite d'être lu par beaucoup de femmes et d'hommes. Il nous rappelle que nous ne sommes jamais à l'abri de l'arbitraire, de la torture morale et physique, de la violence.

Il nous prouve que les valeurs de la république sont bafouées chaque jour en France et que notre indifférence est la cause du naufrage de notre société.

Il nous rappelle aussi que la société que nous ont laissé nos parents nous offrait une certaine sécurité, un peu de sérénité; que celle que nous lèguerons à nos enfants risque d'être exactement le contraire, si nous ne faisons rien. Il suffirait pourtant de peu de chose. Comme le dit le témoignage, l'histoire rapportée semble banale. Croyez-vous sincèrement cela ?

Ce commentaire est laissé tel que de mon Correspondant qui me l'a adressé !






Mésaventure bien française d'un citoyen Suisse

Je m'appelle Patrick Mohr. Je suis né le 18 septembre 1962 à Genève. Je suis acteur, metteur en scène et auteur. A Genève je dirige une compagnie, le théâtre Spirale, je co-dirige le théâtre de la Parfumerie et m'occupe également du festival « De bouche à oreille".

Dans le cadre de mes activités artistiques, je viens régulièrement au festival d'Avignon pour y découvrir des spectacles du « in » et du « off ». Notre compagnie s'y est d'ailleurs produite à trois reprises. Cette année, je suis arrivé dans la région depuis le 10 juillet et j'ai assisté à de nombreux spectacles.

Le Lundi 21 juillet, je sors avec mon amie, ma fille et trois de ses camarades d'une représentation d'une pièce très dure sur la guerre en ex-Yougoslavie et nous prenons le frais à l'ombre du Palais des Papes, en assistant avec plaisir à un spectacle donné par un couple d'acrobates.

A la fin de leur numéro, je m'avance pour mettre une pièce dans leur chapeau lorsque j'entends le son d'un Djembé (tambour africain) derrière moi. Etant passionné par la culture africaine. (J'y ai monté plusieurs spectacles et ai eu l'occasion d'y faire des tournées.) Je m'apprête à écouter les musiciens. Le percussionniste est rejoint par un joueur de Kamele Ngoni. (Sorte de contrebasse surtout utilisée par les chasseur sen Afrique de l'Ouest.)

A peine commencent-ils à jouer qu'un groupe de C.R.S se dirige vers eux pour les interrompre et contrôler leur identité. Contrarié, je me décide à intervenir. Ayant déjà subit des violences policières dans le même type de circonstances il y a une vingtaine d'année à Paris, je me suis adressé à eux avec calme et politesse. Le souvenir de ma précédente mésaventure bien en tête. Mais je me suis dit que j'étais plus âgé, que l'on se trouvait dans un haut lieu culturel et touristique, dans une démocratie et que j'avais le droit de m'exprimer face à ce qui me semblait une injustice.

J'aborde donc un des C.R.S et lui demande : « Pourquoi contrôlez vous ces artistes en particulier et pas tous ceux qui se trouvent sur la place? » Réponse immédiate.

« Ta gueule, mêle-toi de ce qui te regardes!

« Justement ça me regarde. Je trouve votre attitude discriminatoire. »

Regard incrédule. « Tes papiers ! »

« Je ne les ai pas sur moi, mais on peut aller les chercher dans la voiture. »

« Mets-lui les menottes ! »

« Mais vous n'avez pas le droit deŠ »

Ces mots semblent avoir mis le feu aux poudres.

« Tu vas voir si on n'a pas le droit.»

Et brusquement la scène a dérapé. Ils se sont jetés sur moi avec une sauvagerie inouïe. Mon amie, ma fille, ses camarades et les curieux qui assistaient à la scène ont reculé choqués alors qu'ils me projetaient au sol, me plaquaient la tête contre les pavés, me tiraient de toutes leurs forces les bras en arrière comme un poulet désarticulé et m'enfilaient des menottes. Les bras dans le dos, ils m'ont relevé et m'ont jeté en avant en me retenant par la chaîne. La menotte gauche m'a tordu le poignet et a pénétré profondément mes chairs. J'ai hurlé :

« Vous n'avez pas le droit, arrêtez, vous me cassez le bras ! »

« Tu vas voir ce que tu vas voir espèce de tapette. Sur le dos ! Sur le ventre ! Sur le dos je te dis, plus vite, arrête de gémir ! »

Et ils me frottent la tête contre les pavés me tordent et me frappent, me traînent, me re-plaquent à terre. La foule horrifiée s'écarte sur notre passage. Mon amie essaie de me venir en aide et se fait violemment repousser. Des gens s'indignent, sifflent, mais personne n'ose interrompre cette interpellation d'une violence inouïe. Je suis traîné au sol et malmené jusqu'à leur ourgonnette qui se trouve à la place de l'horloge 500 m plus bas. Là. Ils me jettent dans le véhicule, je tente de m'asseoir et le plus grand de mes agresseurs (je ne peux pas les appeler autrement), me donne un coup pour me faire tomber entre les sièges, face contre terre, il me plaque un pied sur les côtes et l'autre sur la cheville il appuie de tout son poids contre une barre de fer.

« S'il vous plait, n'appuyez pas comme ça, vous me coupez la circulation. »

« C'est pour ma sécurité. »

Et toute leur compagnie de rire de ce bon mot. Jusqu'au commissariat de St Roch

Le trajet est court mais il me semble interminable. Tout mon corps est meurtri, j'ai l'impression d'avoir le poignet brisé, les épaules démises, je mange la poussière. On m'extrait du fourgon toujours avec autant de délicatesse. Je vous passe les détails de l'interrogatoire que j'ai subi dans un état lamentable. Je me souviens seulement du maquillage bleu sur les paupières de la femme qui posait les questions.

« Vous êtes de quelle nationalité ? » « Suisse. »

« Vous êtes un sacré fouteur de merde »

« Vous n'avez pas le droit de m'insulter »

« C'est pas une insulte, la merde » (Petit rire.)

C'est fou comme la mémoire fonctionne bien quand on subit de pareilles agressions. Toutes les paroles, tout les détails de cette arrestation et de ma garde à vue resterons gravés à vie dans mes souvenirs, comme la douleur des coups subits dans ma chair. Je remarque que l'on me vouvoie depuis que je ne suis plus entre les griffes des CRS. Mais la violence physique a seulement fait place au mépris et à une forme d'inhumanité plus sournoise. Je demande que l'on m'ôte les menottes qui m'ont douloureusement entaillé les poignets et que l'on appelle un docteur. On me dit de cesser de pleurnicher et que j'aurais mieux fait de réfléchir avant de faire un scandale. Je tente de protester, on me coupe immédiatement la parole. Je comprends qu'ici on ne peut pas s'exprimer librement. Ils font volontairement traîner avant de m'enlever les menottes. Font semblant de ne pas trouver les clés. Je ne sens plus ma main droite.

Fouille intégrale. On me retire ce que j'ai, bref inventaire, le tout est mis dans une petite boîte.

« Enlevez vos vêtements ! » J'ai tellement mal que je n'y arrive presque pas.

« Dépêchez-vous, on n'a pas que ça à faire. La boucle d'oreille ! »

J'essaye de l'ôter sans y parvenir.

« Je ne l'ai pas enlevée depuis des années. Elle n'a plus de fermoir. »

« Ma patience à des limites vous vous débrouillez pour l'enlever, c'est tout ! »

Je force en tirant sur le lob de l'oreille, la boucle lâche.

« Baissez la culotte ! »

Je m'exécute. Après la fouille ils m'amènent dans une petite cellule de garde à vue.

4m de long par 2m de large. Une petite couchette beige vissée au mur. Les parois sont taguées, grattées par les inscriptions griffonnées à la hâte par les détenus de passage. Au briquet ou gravé avec les ongles dans le crépis. Momo de Monclar, Ibrahim, RachidŠŠ chacun laisse sa marque.

L'attente commence. Pas d'eau, pas de nourriture. Je réclame en vain de la glace pour faire désenfler mon bras. Les murs et le sol sont souillés de tâches de sang, d'urine et d'excréments. Un méchant néon est allumé en permanence. Le temps s'étire. Rien ici qui permette de distinguer le jour de la nuit. La douleur lancinante m'empêche de dormir. J'ai l'impression d'avoir le c¦ur qui pulse dans ma main. D'ailleurs alors que j'écris ces lignes une semaine plus tard, je ne parviens toujours pas à dormir normalement.

J'écris tout cela en détails, non pas pour me lamenter sur mon sort. Je suis malheureusement bien conscient que ce qui m'est arrivé est tristement banal, que plusieurs fois par jours et par nuits dans chaque ville de France des dizaines de personnes subissent des traitements bien pires que ce que j'ai enduré. Je sais aussi que si j'étais noir ou arabe je me serais fait cogner avec encore moins de retenue. C'est pour cela que j'écris et porte plainte. Car j'estime que dans la police française et dans les CRS en particulier il existe de dangereux individus qui sous le couvert de l'uniforme laissent libre cour à leurs plus bas instincts. (Evidement il y a aussi des arrestations justifiées, et la police ne fait pas que des interventions abusives. Mais je parle des dérapages qui me semblent beaucoup trop fréquents.) Que ces dangers publics sévissent en toute impunité au sein d'un service public qui serait censé protéger les citoyens est inadmissible dans un état de droit.

.../...
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