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Nombre de messages : 1247 Date d'inscription : 19/01/2007
 | Sujet: Guy Môquet, produit marketing malgré Lui ! Sam 24 Nov - 13:53 | |
| Ce qui suit correspond parfaitement à mon opinion sur le sujet et c'est pourquoi je l'ai emprunté sur le site suivant : http://www.e-monsite.com/forget/accueil.html Avec Guy Môquet brandi, comme Jaurès, par le candidat Sarkozy durant la campagne, le futur Président pratiquait " l'ouverture ". Pourquoi avoir choisi Môquet parmi ceux tombés face à l'occupant nazi et ses alliés hexagonaux ? Parce qu'il avait été glorifié par Aragon et le PCF, que son nom appartenait au roman national, que sa dernière lettre est bouleversante. La " marque " Môquet, déposée à une station de métro, était porteuse. Il suffisait de lui redonner un petit coup de jeune.
Sur le fond, qu'apporte la lecture de cette lettre aux écoliers ? En quoi éclaire-t-elle le pacte germano-soviétique ? Le vote des pleins pouvoirs à Pétain par le Parlement ? la marginalité des premiers résistants ? Il faudra bien d'autres lectures pour comprendre cette époque. Celle, par exemple, du Sang des communistes de Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre (1). Gilles Perrault livrait dans Marianne en octobre 2004 un article à la fois louangeur et critique de cet ouvrage rendant " un juste hommage aux jeunes communistes des Bataillons. " On pouvait lire également sous la plume de Perrault : " Les auteurs rappellent que Môquet fut arrêté pendant le lugubre été 1940, époque où le Parti, triste marionnette dont les fils étaient tirés à Moscou par le Komintern, c'est-à-dire par Staline, recevait l'ordre de sortir de la clandestinité. Résistant, Guy Môquet ? L'archive, la sacro-sainte archive démontre le contraire : les tracts qu'il distribuait lors de son arrestation n'appelaient nullement à résister, ils continuaient de dénoncer imperturbablement le caractère impérialiste de la guerre. " Voilà qui ne cadre guère avec l'actuelle canonisation laïque de Môquet par le pouvoir pour lequel l'Histoire semble se réduire à un discours officiel, à des symboles, à un marketing politique vintage distillé par une sorte de ministère de la Vérité qui n'aurait pas oublié le précepte orwellien : " Qui détient le passé détient l'avenir. "
Puisque Nicolas Sarkozy, ses conseillers et son futur secrétaire d'État aiment les lettres, on a envie de leur conseiller celle de Fernand Zalkinov, l'un des sept " fusillés du Palais-Bourbon " qui participèrent à des opérations armées contre l'occupant. Son père et sa mère seront gazés à Auschwitz, le jeune communiste sera exécuté le 9 mars 1942 au Mont-Valérien à l'âge de dix-neuf ans. Avant de mourir, il écrit à sa sœur Rachel : " Les copains et moi n'avons pas été des lâches. Seulement c'est bien difficile, ceux qui ne sont pas passés par là ne peuvent pas savoir. Certes, nous sommes des enfants les uns et les autres, nous n'avons jamais prétendu être des héros, il ne faut pas trop nous en demander. " Oui, c'est cela : ne pas trop en demander, ne pas trop en faire… Dernière lettre de Guy Môquet Fusillé le 22 octobre 1941 à côté de Chateaubriant Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j’aurai voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino [1]. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J’éspère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge, qui je l’escompte sera fier de les porter un jour. A toi, petit Papa, si je t’ai fait, ainsi qu’à petite Maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis et à mon frère que j’aime beaucoup. Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme. 17 ans et demi ! Ma vie a été courte ! Je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels [2]. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi Maman, Serge, Papa, je vous embrasse de tout mon cœur d’enfant. Courage ! Votre Guy qui vous aime
Dernières pensées : "Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !" | |
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