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Nombre de messages : 1247 Date d'inscription : 19/01/2007
 | Sujet: Sélection de quelques poèmes de Paul Verlaine... Dim 25 Mar - 9:55 | |
| Chanson d'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant Et blême, quand
Sonne l'heure
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure. Et je m'en vais Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
VERLAINE ****************************************************************
Chevaux de bois
Tournez, tournez, bons chevaux de bois, Tournez cent tours, tournez mille tours, Tournez souvent et tournez toujours, Tournez tournez au son des hautbois.
Le gros soldat, la plus grosse bonne Sont sur vos dos comme dans leur chambre, Car en ce jour au bois de la Cambre Les maîtres sont tous deux en personne.
Tournez, tournez, chevaux de leur coeur, Tandis qu'autour de tous vos tournois Clignote l'oeil du filou sournois, Tournez au son du piston vainqueur.
C'est ravissant comme ça vous soûle D'aller ainsi dans ce cirque bête : Bien dans le ventre et mal dans la tête, Du mal en masse et du bien en foule.
Tournez, tournez sans qu'il soit besoin D'user jamais de nuls éperons Pour commander à vous galops ronds, Tournez, tournez, sans espoir de foin
Et dépêchez, chevaux de leur âme : Déjà voici que la nuit qui tombe Va réunir pigeon et colombe Loin de la foire et loin de madame.
Tournez, tournez! le ciel en velours D'astres en or se vêt lentement. Voici partir l'amante et l'amant. Tournez au son joyeux des tambours !
Paul Verlaine
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L’hiver dans la plaine
Dans l’interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre,
Sans lueur aucune.
On croirait vivre
Et mourir la lune.
Comme des nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre,
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune…
Dans l’interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Paul Verlaine
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Marine
L'Océan sonore Palpite sous l'oeil De la lune en deuil Et palpite encore,
Tandis qu'un éclair Brutal et sinistre Fend le ciel de bistre D'un long zigzag clair,
Et que chaque lame, En bonds convulsifs, Le long des récifs Va, vient, luit et clame,
Et qu'au firmament, Où l'ouragan erre, Rugit le tonnerre Formidablement.
Paul Verlaine | |
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