La Mariée

LA MARIEE





Mon ami est venu
Portant des fleurs
Dans ses mains
Et il me disait
Qu’il m’apportait
La vie

Il avait choisi le printemps
Pour partir à ma rencontre
Et avait en chemin
Cueilli un bouquet
De fleurs fraîches
Mais la route était si longue
Que l’été venu

Les fleurs s’étaient flétries
Dans ses mains
Quand les arbres à l’automne
Entrèrent au musée des couleurs
Il pressa le pas

Disant qu’il aime l’automne
Où les arbres se font beaux
Comme des peintures
Mais la route était longue
Et le vent
Griffaient les feuilles
Qui tombaient
Étourdies

Il vit changer le ciel
Et frissonna
Ne chantant plus
Dans la brise venue
Et dit bien aimer l’hiver
Ouvrant tout grand son cœur
Aux arbres morts
En attendant
Que les fleurs renaissent

Et quand enfin
Le chalet du rendez-vous
Lui apparut
Comme les autres convives
Ses pieds s’enfonçaient
Dans la neige

Ils chantèrent
Tous en cœur
Des chansons de femme
Et des rengaines
De marins et de soldats
Jamais revenus
Mais les volets verts
Aveuglément
Demeuraient immobiles

Alors ils s’en retournèrent
D’où ils venaient
Portant chacun
Sa croix sur l’épaule
Et en rêve
La nuit suivante
Mon ami vit
Un cerisier
En robe de mariée
Comme une enfant grandie
Loin des fleurs