Suite aux posts précédents, voici un témoignage particulièrement émouvant sur le suicide d'un adolescent, dont l'originalité réside en la description de ce qui se passe de l'autre côté !
Il s'agit d'une expérience vécue par le narrateur, doué de certaines facultés "médiales", et non pas d'une fiction :
"Le message sur le répondeur de ma directrice, "il est arrivé quelque
chose de très grave à un de nos élèves", le ton sombre surtout de voix,
m'avait déjà rempli de la plus grande appréhension. Celle-ci fut
confirmée lorsque je la rappelai dans la minute suivante: un de nos
élèves, encore dans la très jeune adolescence, s'était enlevé la vie la
veille.
Antoine, comme je l'appellerai afin de préserver l'anonymat, n'avait
absolument rien laissé présager de son acte. Il était généralement
jovial, légèrement rêveur comme bien des enfants de son âge et comptait
de nombreux amis dans l'école. Rien dans les semaines précédentes ne
pouvait laisser entrevoir le mal de vivre qui devait l'habiter au point
de vouloir mettre fin à son existence terrestre. Il avait même
beaucoup blagué avec le professeur suppléant l'après-midi ainsi que le
surveillant d'autobus à la fin de la classe, quelques heures seulement
avant de commetre l'acte ultime.
Cette nouvelle m'avait complètement anéanti. Pas que la mort me
terrifie, bien au contraire. J'avais vécu le départ de ma mère
plusieurs mois auparavant et qui fut un événement particulièrement
serein pour moi. Elle était partie à un âge relativement avancé après
avoir passé la plus grande partie de sa vie au service des autres. Il
m'avait même été donné de percevoir en partie les plans lumineux où
elle s'en allait séjourner.
Le départ d'Antoine par contre était d'un ordre complètement
différent. Il me remplissait d'une tristesse sans fond et surtout de
cette incompréhension sans ressource que l'on peut avoir envers
quelqu'un qui renonce à sa vie avant même de l'avoir vécu. J'ai
demandé de l'aide intérieure...
Le plus difficile était encore à venir lorsque je retournai à l'école
le premier matin de classe après la tragédie. Nous étions tous
visiblement marqué par le drame, la gorge nouées par une tristesse qui
cherche désepérément à se raccrocher à une quelconque explication sans
même pouvoir compter sur cette ultime parcelle de réconfort. L'image
qui me restera sera celle de ce grand gaillard qui lui était
particulièrement proche, maintenant complètement effondré sur pupitre
pendant plusieurs heures, comme submergé par une douleur qui dépassait
ses moyens.
J'ai trouvé en ce qui me concerne mon propre réconfort en parlant "dans
les yeux" de mes autres élèves du même groupe d'âge en leur rappelant
l'importance de parler s'ils vivaient le moindre trouble intérieur.
PARLER, à nos parents, à un adulte proche, à une ligne d'écoute pour
jeunes, à nos amis, à un inconnu s'il faut. Et surtout, SURTOUT, que
si un ami nous confie un mal de vivre qui nous inquiète, que même s'il
nous avait fait promettre jusqu'à la mort de ne pas divulguer le
secret, de ne jamais JAMAIS être assez stupide et imbécile pour penser
qu'une telle promesse puisse avoir une quelconque valeur. La seule
valeur qui compte en l'occcurence est celle de la VIE et que jamais
nous ne pourrions faire preuve d'une plus grande loyauté envers un
proche que de briser le silence d'un "secret" si nous avions la moindre
impression que sa vie pourrait être en danger.
Pendant le trajet vers le salon funéraire, tout un flot d'impressions
se succédaient l'une après l'autre. Les souvenirs d'Antoine, la
tristesse de ses amis, puis cette terrible angoisse que je traînais en
arrière-plan depuis l'événement.
Je tendis alors la main pour identifier la provenance de cette angoisse
et je reconnus immédiatement les courants énergétiques d'Antoine. Je
percus alors très distinctement le nœud très serré au niveau de la
gorge sur ses enveloppes astrales et subtiles. Je percevais aussi le
cordon d'argent qui le reliait encore très solidement à son corps
physique. Il vivait une peur attroce, sans fond, intenable, et les
seules personnes qui lui auraient normalement apporté réconfort,
allaient et venaient autour de lui sans porter la moindre attention à
sa présence. Tout cela sans être capable de comprendre la situation et
en vivant la solitude de l'ignorance à son paroxisme. Un cauchemar
digne du film d'épouvante le plus horrible...
En cherchant une liaison avec lui, j'ai également senti une impression
d'étranglement dans la gorge, un étranglement insupportable qui enlève
tout force d'agir ainsi qu'une pression circulatoire au niveau de la
tête qui nous donne l'impression qu'elle va littéralement éclater.
Quelques minutes encore, me disais-je, et j'allais être en mesure
d'essayer de lui apporter un modeste soutien...
Que dire à ces parents submergés par la tristesse et l'incompréhension
excepté le fait que je m'étais engagé personnellement à inciter
constamment mes jeunes, peut-être jusqu'à la limite du harcèlement, à
PARLER lorsqu'ils étaient dans le besoin. Ainsi, la tragédie d'Antoine
ne sera pas arrivée en vain.
Une fois mes condoléances faites aux proches, j'appelai intérieurement
Antoine. Une force me tourna alors vers un endroit précis tout près du
cercueil.
Comment décrire sa propre petitesse, sa propre insignifiance lorsque,
pour quelques instants, nous devenons l'instrument pantois et vacillant
de l'immense Force divine qui porte Son Aide jusque dans les coins les
plus reculés de la création. Un insecte pendant le plus tumultueux des
orages ne se serait pas senti plus minuscule qu'à ce moment où je
sentais que le secours de Dieu allait intervenir.
Les paroles que j'adressai intérieurement à Antoine à ce moment-là
semblaient se former d’elles-mêmes, comme si elles venaient de
quelqu’un d’autre. J'en garde même un souvenir vague, me rappelant
seulement que la voix s'adressait à lui avec une certaine autorité qui
à la fois saisit et réconforte. Elle disait à peu près ceci:
"Antoine, je t'appelle ! Antoine, je t'appelle ! Antoine, je
t'appelle ! Dieu existe ! Sa Force immense est notre secours ! Nous
devons nous lier à Elle ! Ne reste pas sur ce que tu as fait !
Lie-toi à Sa Force ! "
Une fois repris le "contrôle" de la situation, au moment même où, d'une
initiative toute personnelle, j'allais lui promettre de m'engager à
prier pour lui, mon corps dont l'attention était "fixé" sur Antoine a
eu un mouvement vers le haut. Je perçus alors que le cordon d'argent
s'était rompu, libérant à la fois le corps astral et le corps physique
du corps subtil. Le "nœud" également que je percevais au niveau du cou
de son corps subtil ne représentait plus un "étranglement" mais gardait
toutefois une bonne empreinte qui restera à libérer.
Un suicide est un acte grave dont nous devons porter la
responsabilité. Antoine cependant devait avoir des "circonstances
atténuantes" du fait que, d'une part, il n'avait pas encore la maturité
adulte qui seule engage la pleine représentation de ses actes et du
fait également que cet acte avait été probablement commis impulsivement
sous l'effet d'une souffrance profonde et envahissante.
Il reste qu'Antoine a quitté une tristesse pour une autre, encore plus
grande. Par contre, même si nous avons fait un choix qui rendra
temporairement notre chemin plus pénible, l'Amour de Dieu veille
toujours et continue constamment de dispenser Son Secours à celui qui
en fait la requête en toute confiance.
Ce témoignage, volontairement anonyme pour éviter toute référence même
indirecte, fait partie de l'engagement personnel que j'ai fait
d'inciter les jeunes à miser sur la vie plutôt que d'y renoncer. La
Force incommensurable de Dieu vient à bout de toutes les angoisses. Il
suffit de nous lier à Elle."