Le grand silence un jour,
Sur ma vie a jeté
Son voile morne et lourd.
La nuit s'est étalée,
Ombre triste et noire,
Sur mon âme terrée
Au fond du désespoir,
Mais je n'ai pas sombré.
J'ai refait les chemins,
Les digues et les grèves,
Ou le dernier matin,
Les yeux pleins de rêves,
Nous avons caressé
Les vagues de lumière,
De nos regards cachés
A l'ombre des paupières.
J'ai revu si souvent,
Là bas dans le lointain,
Le rocher du couchant ,
Ou tu t'assis soudain.
Fréhel et les reflets
Du soleil et de l'eau,
Les sentiers les genêts,
Fort Lalatte, si beau,
Noble, majestueux,
Dans le soir qui tombait.
Instants miraculeux,
Que je préserverai,
Vrais et respectueux,
Je les garde à jamais.
Je suis allé là haut,
Dans le bois de la nuit.
Près du petit ruisseau,
Nous écoutions, sans bruit,
Amie... T'en souviens tu?
La brise et sa chanson.
L'arbre à chouettes n'est plus,
Nos souvenirs y sont.
J'ai revu la plage
Ou le chant de ta voix,
Si douce si sage,
A murmuré pour moi:
"Tu n'est pas triste au moins"?
Triste? j'étais si bien...
Je savais néanmoins
Que tu partais demain.
Quand l'amour a tranché
De son glaive maudit,
Notre belle amitié,
Pardon d'avoir faibli.
Qu'importent les poèmes,
Qu'importent les écrits,
Bien que j'ai dit je T'aime,
Je le jure je le crie,
Je n'ai rien espéré
Que d'être ton ami.
Afin que nous sauvions
Tout ce qui fut construit,
Par ma faute brisé,
J'implore ton pardon
En toute humilité.
J'ai veillé, j'ai compté,
Jour et nuit tour à tour,
Les gouttes de rosée,
Perles du petit jour,
Qui coulaient de mes yeux,
Dans la simple douceur
De ces jours merveilleux
De calme et de bonheur.
Afin que sur la mer,
Les flèches du soleil,
Venues de l'univers,
De leur faisceau vermeil
Me guident à l'horizon,
J'aimerai si tu veux,
Entendre les chansons
Que nous jouions à deux,
Tout au long de la nuit,
Quand nous étions amis.